Synthèse de la Journée scientifique du 28 novembre 2019 organisée par Météo et Climat
« Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu public le 8 août 2019 son rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées, connu sous le sigle “SRCCL”.
Ces terres sur lesquelles nous vivons subissent non seulement nos interventions (agriculture, élevage, déforestation, reforestation, urbanisation) mais également le réchauffement climatique et les différentes perturbations qui l’accompagnent comme l’augmentation de plusieurs événements extrêmes. »
« Météo et Climat a consacré sa 12e Journée scientifique à un décryptage du rapport spécial SRCCL sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres, approuvé lors de la 50e session plénière du GIEC (Genève, 2–6 août 2019). »
Météo et Climat
Le Dossier remis aux participants est disponible en ligne.
La journée s’ouvre par l’intervention de Jean Jouzel, président de Météo et Climat, Climatologue et ancien membre du GIEC. Il prend soin de rappeler la délimitation de la journée scientifique aux éléments du Rapport spécial sur les terres, l’un des nombreux rapports spéciaux qui ont été produits par le GIEC ces dernières années, le prochain rapport spécial attendu devant être celui de 2023 sur les villes. Jean-Christophe Calvet présentera les interventions suivantes.
Les conclusions du rapport en elles-mêmes sont portées par Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du Groupe I du GIEC traitant des aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat, directrice de recherches au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA-CNRS-UVSQ), et Nathalie de Noblet-Ducoudré, directrice de recherches au Conservatoire de l’énergie atomique (CEA), où elle a la responsabilité d’une équipe en sciences du climat et de l’environnement.
Les deux chercheuses rappellent les méthodes du GIEC qui ne fait pas de recherches nouvelles mais la synthèse de rapports scientifiques éprouvés. Le rapport est le fruit de ses auteurs aidés de leurs nombreux contributeurs et sa solidité est le résultat du travail de plusieurs centaines de scientifiques relecteurs.
Si une meilleure utilisation des terres est préconisée par le rapport comme partie de la solution contre les effets du changement climatique, elle n’est pas suffisante et la réduction de l’utilisation des énergies fossiles reste un impératif indépassable pour une gestion durable des sols.
La dégradation des sols est constituée de plusieurs phénomènes : une érosion, une perte de biodiversité, une baisse du potentiel d’absorption du carbone par les terres (stock carbones) ainsi qu’une baisse de la production des sols en biomasse.
L’un des principaux facteurs de cette dégradation est le réchauffement des terres émergées qui est environ deux fois plus rapide que celui de l’ensemble du globe, soit +2°C en moyenne au lieu de +1°C en moyenne pour l’ensemble du globe en 2018 par rapport à l’ère préindustrielle.
En ce qui concerne la gestion durable des sols et son rapport à l’alimentation, les scientifiques rappellent qu’une partie de la solution réside également dans la réduction de la perte et du gaspillage des productions qui s’établit encore à hauteur de 25% à 30% des récoltes.
Ainsi les options de réponse consistent dans la réduction de notre impact sur les terres (limitation de l’occupation minérale des sols et de la production de CO2 notamment), la préservation des stock carbones et leur restauration ; la transformation du modèle de production en faveur de l’agro-écologie, d’une gestion durable des stock carbones et d’un changement de choix alimentaires en favorisant le cobénéfice d’un régime sain avec un impact environnemental réduit (baisse de la consommation de produits carnés essentiellement, le régime Vegan étant de loin le moins impactant suivi des régimes comportant moins d’un produit animal par mois.
D’un point de vue juridique, l’accès est mis sur les potentialités d’un meilleur accès à la propriété et d’une politique foncière globalement plus équitable permettant un accès aux femmes paysannes et aux travailleurs du sol eux-mêmes de bénéficier des sols. Par ailleurs, la rémunération des services écosystémiques permettrait une rémunération des paysans fournissant des efforts au bénéfice de l’environnement.
Les scientifiques attirent l’attention sur le fait que basculer l’ensemble de la production d’énergies à partir de carburants fossiles vers une production d’énergies à partir de biomasse (cultures de maïs ou colza notamment) aurait à terme le même impact que ne rien faire pour changer la production d’énergie : la biomasse n’est pas la panacée et les bioénergies doivent être amenées de manière régulée, sur de faibles parcelles et hors mono-cultures afin de pouvoir s’intégrer à une gestion durable des terres.
À la question d’un auditeur sur la compatibilité des accords de libre échange et de la politique agricole commune (PAC) menée par l’Union européenne (UE) avec les accords de Paris, les scientifiques attestent de la nécessité d’une politique publique claire et ferme accompagnée d’un cadre réglementaire pour accompagner la transition vers une gestion durable des sols.
Enfin, le rapport sur les terres est résumé comme la synthèse des Convention sur la biodiversité, Convention sur le climat, et Convention sur la désertification.
Session 1 : quelles solutions pour réduire l’empreinte climatique et environnementale de nos habitudes alimentaires ?
Cheikh Mbow, professeur titulaire à l’Université de Pretoria, Directeur du centre de recherches Future Africa, et codirecteur de recherches au World Agroforestry Centre intervient ensuite en tant que coordonnateur du Chapitre 5 du Rapport SRCCL sur la sécurité alimentaire, avec une présentation nommée “Terre, Assiette et Climat”.
Le chercheur se déclarant personnellement contre l’aide alimentaire, inadaptée aux cultures locales et donc gaspillée, plaide en faveur de l’amélioration des systèmes de conservation des cultures locales riches en fruits et légumes endogènes tels le Baobab. Il plaide en faveur d’une approche holistique de l’agroforesterie en favorisant une gestion équitable du foncier. Le chercheur évoque la nécessité d’une meilleure information des agriculteurs sur les évènements météorologiques déterminant des dates de semis et de récoltes afin de limiter les pertes, et une meilleure conservation des récoltes notamment par une transformation des matières premières sur site afin de pallier aux problèmes d’infrastructure de stockage et de transport responsables d’une grande partie des pertes des récoltes.
Rejoignant Cheikh Mbow en Table ronde animée par Valéry Laramée de Tannenberg, Christine Aubry, spécialiste en agriculture urbaine, vient tordre le cou aux idées reçues concernant les fermes verticales énergivores et peu rentables n’ayant vocation à se développer qu’en agglomérations particulièrement denses (comme Singapour) ou dans les climats froids et arides (comme au nord du Canada) mais n’ayant qu’une utilité très limitée en France ou les terres arables sont nombreuses. En Île-de-France, les problématiques sont plus d’un ordre de gestion : la région est par exemple auto-suffisante en farine, elle en importe pourtant 50% en même temps qu’elle en exporte 50%. Sarah Martin, coordinatrice alimentation durable à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie participe aux débats sur les questions d’élevage durable soulevées par Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement de l’Institut de l’élevage partisan de la mise en place d’une monétarisation des compensation carbones en permettant aux agriculteurs réduisant leur impact carbone de vendre leurs réductions d’émissions aux pollueurs et ainsi financer l’effort environnemental des exploitants.
Session 2 : événements extrêmes et dégradation des terres
L’après-midi s’ouvre sur une présentation de Wim Thiery, professeur à l’Université libre de Bruxelles où il dirige le groupe BCLIMATE introduite par Sylvestre Huet qui voit dans l’émotion entourant les évènements climatiques extrêmes l’expression d’une sagesse populaire. Le professeur-climatologue expose la récurrence d’évènements extrêmes dans un monde globalement plus chaud d’1°C notamment les pics caniculaires puisque le record de 2003 a été battu en 2018 puis en 2019 avec notamment un record absolu de température en France avec 46°C dans l’Hérault le 28 juin 2019. Le ‘dérèglement climatique’ s’exprime également dans l’augmentation non pas du nombre mais de l’intensité des cyclones ainsi que l’augmentation des précipitations extrêmes. Un graphique présente également l’allongement de la durée de la saison des incendies dans les forêts tropicales.
Une Table ronde s’installe autour de Wim Thiery avec Jean-Luc Chotte, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) qui évoque la baisse de 10% de la productivité primaire en raison du changement climatique et les solutions diversifiées de la gestion du paysage agricole. L’initiative 4 pour 1000 visant l’augmentation des stock de carbones lui paraît ambitieuse sans être la solution puisque les scientifiques craignent le possible relargage des stocks de carbones réalisés en cas de hausse continue des températures. Patrice Dumas, chercheur en agronomie (CIRAD) au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED) évoque la potentialité d’un rapport entre les évènements climatiques extrêmes et les conflits géopolitiques internationaux et notamment l’hypothèse controversée selon laquelle les sécheresses exceptionnelles en Syrie pourraient avoir eu une part dans le déclenchement de la guerre en Syrie. Par la suite, David Moncoulon, docteur en hydrologie, directeur du département R&D Modélisation Cat & Agriculture de la Caisse Centrale de Réassurance, un réassureur public, évoque la part grandissante des facteurs climatiques dans les pertes de rendement indemnisées notamment en raison d’épisodes de gel, sécheresse ou d’inondation plus importants. En projetant le risque, une augmentation de 40% du risque lié à la pluviométrie et au ruissellement est attendue en 2050 aux côtés d’une augmentation des risques de sécheresse. Ces résultats ont notamment été rendus possibles grâce aux travaux de Dorothée Kapsambélis, doctorante Agrocampus Ouest et Caisse centrale de réassurance, qui a mis au point un indice corrélant le climat (sécheresse et pluie) aux pertes potentielles à indemniser.
Session 3 : comment la gestion durable des terres contribue-t-elle à l’atténuation du changement climatique ?
La dernière présentation est celle de Jean-François Soussana, vice-président en charge de la politique internationale de l’Inra sur la gestion durable des terres. Les scientifiques s’accordent sur une responsabilité potentielle de 21% à 37% des émissions de gaz-à-effet-de-serre (GES) incombant à l’usage des sols, l’agriculture puis le système alimentaire mondial. La déforestation étant le premier responsable dans la chaîne. En bout de chaîne, les cobénéfices sont attendus d’une transition alimentaire favorisant santé et climat, le chercheur rejoignant par là la première présentation de la journée, de même lorsqu’il évoquera l’impact négatif des cultures de biomasse pour la production d’énergie. Si la restauration de puits de carbone et la réduction du CO2 dans l’agriculture sont des objectifs à poursuivre, le chercheur soulève toutefois l’inconnue des stocks de carbones minéraux notamment dans les strates de bicarbonate de soude qui seraient susceptibles de relarguer en cas de hausse des températures.
Le rejoignant en Table ronde animée par Marielle Court, Luc Abbadie, professeur d’écologie et directeur de l’Institut de la transition environnementale à Sorbonne Université évoque le caractère nécessairement déficitaire des puits de carbone agricoles dans la mesure où l’on produit des végétaux à un endroit (carbone passant du sol aux plantes) pour l’exporter à un autre où ils sont consommés (carbone ne retournant pas au sol où il est pris). Il évoque également la différence de rythme, le déstockage étant plus rapide que le stockage. Dans les dernières recherches, il relate la corrélation potentielle entre la diversité des plantes et celles des microbes peuplant le sol sur lequel elles poussent, semblable à la corrélation attestée scientifiquement de la diversité forestière avec la diversité du sol, faisant de ce dernier un meilleur stockage pour le CO2. Par ailleurs, le chercheur rappelle l’avantage que présente la biodiversité en tant que résilience face à une perturbation du milieu par une espèce invasive.
Bruno Parmentier, consultant et conférencier sur l’agriculture, l’alimentation et le développement durable, fait une intervention remarquée quant à la nécessité de reconsidérer le paysan en tant qu’expérimentateur à l’heure de l’An I de l’agriculture. Pour lui, si jusque là la chimie a permis de multiplier la production agricole par trois sur 30 ans entre 1960 et 1990 sur la même surface, seule l’agroécologie permettra de résoudre la stagnation voire la régression dont la chimie est aujourd’hui responsable à force d’avoir asséché les sols. Par ailleurs, l’agroécologie lui paraît également être une nécessité pour augmenter la production là où le monde consomme de plus en plus de produits laitiers et carnés, nécessitant une grande augmentation de la production céréalière. Il estime que la découverte de l’activité microbienne des sols, microbes pesant 1200 fois le poids de l’humanité, est un levier majeur pour résoudre les défis à venir, en « passant d’une agriculture “mal au dos” à une agriculture prise de tête » pour s’allier avec la nature dans un cercle vertueux au lieu de s’en méfier. Le conférencier fustige le labour qui détruit les sols, bien plus que le glyphosate, ce “faux ennemi”. Il plaide le semis post-récolte et la plantation de haies de couvert pour enfin apprendre l’agriculture.
Valérie Mazza, directrice des affaires scientifiques et de l’innovation du groupe Limgrain, évoque le changement qui a déjà commencé à s’opérer chez les agriculteurs dans leurs méthodes de travail notamment afin de lutter contre leur précarité. Les initiatives sont nombreuses pour se libérer des engrais grâce à la végétation de couvert, les résultats sont convaincants et les expérimentations se diffusent à grande échelle. L’approche est systémique et reprise avec la recherche de nouveaux équilibres.
Enfin, Pierre-Marie Aubert, politiste et coordinateur de l’initiative agriculture européenne à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales, évoque la nécessité d’intensifier les rendements, diminuer les cheptels bovins en pensant bioéconomie et biocarburants. Il rappelle toutefois l’absence de bénéfices du tout biomasse déjà évoqué le matin puisque passer en tout-biocarburant aboutirait aux mêmes conséquences que rester en tout-fossile à l’échelle planétaire. La biodiversité est un facteur de richesse des productions et des terres : inversement la simplification des écosystèmes aboutit à la perte de pollinisateurs et la baisse de productivités des sols. De même, arrêter net la chimie aboutit à une perte de la biodiversité ainsi conviendra-t-il de maintenir une végétation semi-naturelle avant de diminuer les intrants (ajouts chimiques aux sols) voir de s’en affranchir. Ces solutions de compromis permettent le maintien de l’export tout en aboutissant à une réduction des gaz-à-effet-de-serre. Cependant, le politiste déplore que cette position française favorable à la transition ne soit pas suivie partout en Europe.
Questionné par Marielle Court quant à la faisabilité d’une révolution verte malgré les réticences du reste de l’Union européenne, Jean-François Soussana rappelle les contraintes d’un modèle dont l’objectif principal est la sécurité alimentaire. L’agroécologie permet un niveau de production élevé mais la transition devra se faire en aidant et incitant les agriculteurs, notamment en rémunérant les services environnementaux dans le cadre de la PAC. Le chercheur convient de la nécessité d’une volonté collective forte dépassant les politiques, les efforts accrus ayant besoin d’adhésion. Le Green deal porté par la nouvelle présidence de la Commission européenne constitue un espoir.
Marielle Court évoque la possibilité d’une directive sol à l’instar des directives air et eau déjà passées au niveau européen, Jean-François Soussana explique sans enthousiasme qu’elle est toujours en débat après avoir été rejetée par deux fois.
Valérie Mazza plaide la nécessité d’aider les agriculteurs qui ne se sentent plus compris par la société qui paraît entendre leur laisser le seul travail et le seul risque puisque c’est le paysan qui risque son salaire à la fin de l’année s’il n’a pas réussi la transition. L’intervenante rappelle, nuançant les propos de Bruno Parmentier, que les agriculteurs sont formés à l’agronomie et qu’ils disposent de possibilités de formation supplémentaire aux chambres d’agriculture et que la plupart d’entre eux souhaitent s’engager dans la transition : le problème majeur résidant bien dans la prise de risque.
Luc Abbadie déplore toutefois le changement trop lent dans la formation des agriculteurs alors qu’une politique ambitieuse est nécessitée par l’urgence. Il plaide en faveur de fermes expérimentales en réseau pour démontrer le caractère fonctionnel des pratiques d’agroécologie. Il relate qu’en Afrique, dans certaines régions aux conditions particulièrement arides, les expériences fonctionnent et séduisent les agriculteurs. Le chercheur rappelle, abondant dans le sens de Valérie Mazza, que l’agroécologie est constituée de tout le savoir écologique qui est bien étudié et documenté, la transition ne manquant donc pas de connaissances à appliquer. Pour lui, le changement nécessité est culturel et la dépendance, celle du contexte.
Bruno Parmentier propose une simplification et une essentialisation de l’exploitation du vivant en arrêtant d’élever des animaux qu’on ne peut pas nourrir avec des végétaux locaux (exemple du porc français métropolitain nourri au soja sud-américain) pour limiter les empreintes carbones. Il milite également en faveur de la nécessité d’arrêter d’insulter et d’infantiliser les agriculteurs pour leur permettre d’expérimenter et développer un savoir, un état d’esprit de toute la société à moduler en faveur des aides à la transition.
Valérie Mazza et Pierre-Marie Aubert s’accordent sur la responsabilité de l’acheteur (agroindustriel principalement mais aussi consommateur) dans la chaîne agricole : à eux aussi de favoriser les pratiques et les récoltes environnementalement responsables, notamment la mise en place de filières de légumineuses locales avec un partage équitable de valeur entre acteurs de la chaîne pour les régions où seules ces plantes, peu demandées, poussent correctement sans chimie.
Un auditeur agriculteur intervient en pointant la responsabilité de l’Organisation mondiale du commerce et de ses accords qui ne permettent plus à la France d’interdire la plantation de soja sur son sol quand bien même ces cultures ne sont pas idéales pour l’environnement. Il témoigne du changement qui s’opère chez les agriculteurs, beaucoup utilisant déjà le couvert végétal, et tous soucieux de changer à la faveur d’une écologie des sols mais il pointe la nécessité d’aider les agriculteurs car la mouvance du vivant des sols implique des risques chaque année pour réaliser de bonnes récoltes et donc la potentialité de pertes. Il pointe également la responsabilité des acheteurs notamment agroindustriels en plaidant anecdotiquement en faveur de la patate moche pour les frites surgelées.
Une intervenante du Ministère de l’agriculture souhaite rendre justice aux lycées agricoles qui militent en faveur d’une agriculture respectueuse par des expérimentations soutenues depuis plusieurs années. Une laiterie autonome existe déjà et des ventes directes de produits transformés par des producteurs de légumineuses présentant des bénéfices importants. Elle rappelle également que le service restauration améliore les menus en favorisant les protéines végétales.
Enfin, un auditeur fait un parallèle avec le circuit du trésor de l’après-guerre pour appuyer la nécessité de subventions au bénéfice des agriculteurs en transition, argent qui pourrait provenir du reroutage des financements de la dette auprès de fonds de pension quataris.
En conclusion, Emmanuelle Coccia, philosophe formé en agronomie et maître de conférence à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris et conseiller scientifique de l’exposition Nous les Arbres, emmène la salle à la découverte de l’unité du vivant entre la Terre et la biosphère par la métaphore du papillon qui partage une seule et même vie avec la chenille qu’il était sans pourtant n’avoir rien en commun avec elle. L’acte de manger symbolisant à ses yeux la meilleure manière de réaliser que la vie se transmet de végétal en animal, puis d’animal en animal. Enfin, par l’évolution et le brassage génétique il fait prendre conscience aux auditeurs de leur nature intrinsèque de zoo-sur-pattes, la biodiversité coulant en eux, dans leurs gènes et leurs caractères phénotypiques. Enfin le philosophe s’insurge contre les villes, ce délire minéral, désertique et monoculturel, visant à chasser l’altérité en réservant l’espace aux humains et à leurs passagers clandestins (rats et pigeons). L’agriculture est fondamentalement liée à la ville, la ville doit changer pour que les agricultures changent.